A la demande du colonel Crémer, commandant le 114e R.I., le conseil municipal de Parthenay, concède le 21 mars 1899, un terrain de 100 m2 au cimetière, pour y enterrer les soldats de la garnison de Parthenay, décédés sur place, comme cela se fait , à cette époque, dans de nombreuses villes.
Pourquoi seulement 100 m2 ?. Tout simplement parce que le nombre de décès était en moyenne inférieur à 2 par an (15 décès entre 1890 et 1898) ; le nombre augmente d’ailleurs curieusement au moment où est construit le monument : 4 décès en 1899 et 9 en 1900 pour diminuer notablement les années suivantes.
Quelles sont les causes de ces décès ? 89 % sont causées par des maladies au premier rang desquelles on relève la tuberculose ; un militaire s’est suicidé, par arme à feu , bien sûr et deux se sont noyés “aux bains militaires” ; une de ces noyades, survenue en décembre, a du se produire lors d’un exercice.
Inégalité de grade, les soldats meurent à l’hôpital-hospice et les officiers chez eux ou à la caserne.
Le plan et le devis du monument prévu ont été dressés par l’architecte de la ville ; le devis se monte à 1874 francs dont seront déduits les frais de main d’œuvre, fournie par des ouvriers militaires,d’où une dépense réelle de 1500 francs.
Le projet comprend un caveau provisoire, le monument proprement dit et l’entourage. Le conseil municipal accepte à l’unanimité et le vote est accompagné d’un couplet patriotique prononcé par le rapporteur de la commission des travaux, M. Savin : “ Vous pouvez être assurés que toute la population de Parthenay applaudira à une mesure qui est une marque de sympathie pour l’armée et de respect profond pour le soldat qui meurt en servant son pays Tous nous avons fait partie de l’armée, quelques uns d’entre nous auraient encore l’honneur de prendre l’uniforme au jour du danger ; aussi est-ce un devoir sacré de réunir les corps des militaires de la garnison décédés dans un monument où chacun pourra venir s’incliner respectueusement et déposer un souvenir de reconnaissance.
Un grand nombre de familles ne sont pas assez fortunées pour pouvoir transporter dans les cimetières de leur village les corps de leurs fils morts sous les drapeaux et ce sera pour elles, sinon une consolation, tout au moins un grand soulagement, quand elles sauront que les restes de ceux qui leur sont chers sont placés sous la sauvegarde de la ville de Parthenay.”
Le compte rendu de la séance du conseil municipal du 1er mars 1900 nous apprend que le colonel Crémer, a l’intention d’inaugurer le monument lors “de la concentration du régiment à Parthenay du 25 avril au 2 mai prochain”.
Une plaque apposée au dos du monument précise que celui-ci a été inauguré le 1er mai 1900, ce qui est parfaitement impossible, si ce n’est la pose d’une première pierre symbolique . En effet à cette date le monument n’est pas construit, aucun entrepreneur n’ayant répondu à l’adjudication décidée le 24 février 1900.
M. Géant, entrepreneur à Parthenay est consulté ; il est prêt à réaliser les travaux moyennant un changement de matériau ; il ne veut pas utiliser la pierre de Migné qui ne résistera pas, selon lui, à l’humidité de la Gâtine et préconise la pierre de Lavoux, ce qui entraînera un surcoût supplémentaire de 400 francs. Il veut aussi pouvoir pénétrer dans le cimetière avec des charrettes et des tombereaux , ce qui était interdit par le règlement et avait d’ailleurs contribué à l’échec de la soumission.
Le 1er mars 1900 le conseil municipal décide de voter un supplément de crédit de 400 francs et d’autoriser l’adjudicataire à pénétrer dans le cimetière avec des chariots, à condition de pratiquer une ouverture dans le mur le long de la voie ferrée (afin de ne pas passer la porte officielle) et de tout remettre en état à la fin des travaux.
Le 12 juin 1900, M. Géant est désigné pour construire le monument et les édiles parthenaisiens approuvent le devis estimatif et votent 250 francs qui s’ajoutent aux 2.300 francs déjà prévus. Cette décision est confirmée par un autre vote le 6 novembre 1900.
Le monument aux morts a peu servi car, d’après les plaques existantes, seuls 8 corps reposent là, dont ceux de deux officiers, la dernière inhumation ayant eu lieu en 1907.
Le monument va progressivement tomber dans l’oubli et était totalement recouvert par la végétation lorsqu’il fut remarquablement restauré en l’an 2000 à l’initiative de Gérard Boutet, adjoint dans la municipalité de Parthenay, dirigée par Michel Hervé, et du Souvenir Français.
Le 1er novembre 2004, pour commémorer le soixantième anniversaire de la libération de la ville, une des quatre plaques de marbre a été gravée, en souvenir du 114e R.I. de la libération et en hommage à ses morts tombés sur le front de La Rochelle de septembre 1944 au 8 mai 1945 et inauguré par Xavier Argenton , maire et Michel Birault, conseiller,chargé des relations avec le monde patriotique. Le Président M. Drillaud envisage maintenant de faire graver la dernière plaque vierge, en 2008, quatre vingt dixième anniversaire de l’armistice de 1918, à la mémoire des 3 957 tués du régiment pendant la première guerre mondiale, pour que ce monument devienne le monument du 114e R.I., le seul existant pour le seul régiment des Deux-Sèvres.