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La guerre 1914-18

Avant l’orage

La guerre 1914-18 à Parthenay et ses conséquences à travers les délibérations du conseil municipal

Avant l’orage 1914

La montée des périls en Europe se traduit par une poussée du nationalisme . Parthenay n’échappe pas à ce phénomène : en avril, les Anciens combattants de la guerre 1870-71 demandent que la remise officielle de la médaille décernée à ceux qui ont combattu dans ce premier conflit franco-allemand ait lieu le 14 juillet. A cette occasion ils iront, en cortège, déposer une couronne au monument à la mémoire des mobiles et des francs tireurs des Deux-Sèvres, obélisque qui dominait, comme aujourd’hui, le Pont Neuf.

En ce printemps les élus du conseil sont divisés, comme souvent en cette période, sur deux projets qui alimentent les débats depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Dans la séance du 15 juin la commission des travaux évoque l’état de la Halle aux grains (situé à l’emplacement de l’actuel Palais des Congrès). Un élu compare l’édifice, qui, n’a, en bon état, que la toiture, “à un individu habillé en haillons, coiffé d’un magnifique chapeau de soie”. Comme le bâtiment ne sert pratiquement plus, la commission propose de le démolir, mais, comme il n’y aura plus, dès lors, de salle pour les fêtes, le conseil décide d’attendre 1915 pour prendre sa décision.

Depuis 1903, il est question de construire une nouvelle école de garçons . En février 1904, le conseil, à l’unanimité, a choisi entre quatre projets : celui d’acheter le terrain Failly à l’angle de la rue Leferron et celle du Pont-Neuf ( où se trouve aujourd’hui le collège Mendes-France). En septembre 1907 les élus approuvent les plans et devis d’une école de garçons à 7 classes , avec autant de logements de fonction.

Après moult péripéties, M. Failly accepte de céder le terrain en août 1909 pour 4.500 francs. Le financement est trouvé en novembre 1912, le conseil décide de voter le principe d’un emprunt de 194.930 francs, remboursable en 30 ans, par une imposition supplémentaire de 15 centimes additionnels sur les 4 contributions directes (les fameuses 4 “vieilles”). Mais en mars 1913 éclate une crise municipale : le maire, Louis Aguillon n’a plus de majorité. Il demande et obtient la dissolution du conseil municipal, le 4 juin il est remplacé par son adversaire Frédéric Joly qui est partisan de construire deux écoles, l’une dans l’aile gauche du collège (actuel lycée Pérochon) et l’autre rue Jean Macé.

Le 23 novembre 1913 Frédéric Joly fait approuver de nouveaux plans et devis pour un coût de 40.000 francs et finalement, le 8 juillet 1914, le conseil étant partagé à égalité, le maire, use de sa voix prépondérante et fait adopter son projet de double école. Un troisième projet est aussi en suspens, celui d’installer l’éclairage électrique. Le 8 juillet la commission d’éclairage annonce au conseil que trois sociétés restent sur les rangs pour l’obtention de la concession d’éclairage électrique.

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Août 1914 devant la halles au grains de Parthenay
Mobilisation générale à Parthenay (source Musée G. Turpin)

Mais tous ces beaux projets vont être renvoyés à des jours meilleurs car lorsque le conseil municipal se réunit de nouveau le 1er août 1914, la mobilisation générale vient d’être décrétée et les élus votent, en une belle unanimité, des crédits “pour l’organisation d’une œuvre de secours en nature aux femmes et enfants des soldats appelés pour la défense de la Patrie”.

Le maire propose la nomination d’une commission de cinq membres, chargée de l’achat de blé et de farine pour l’alimentation des habitants de la commune pendant la durée de la guerre ; le vote est obtenu également à l’unanimité. A l’image de la Nation, le conseil municipal de Parthenay fait désormais taire ses querelles. L’heure est à l’Union Sacrée. Ces mesures de précaution s’expliquent aisément : en 1914 le pain occupe encore une grande place dans l’alimentation des Français et dans plusieurs régions le déclenchement de la guerre s’accompagne d’une peur de pénurie de pain.

A la fin du mois le maire pourra constater que la commission d’approvisionnement a bien fait son travail : elle aura assuré en permanence le ravitaillement en pain et évité une hausse des prix, en maintenant artificiellement un prix stable, grâce à 2.500 francs de subvention.

Les premières conséquences de la guerre.

De nombreux Parthenaisiens ont quitté leur Gâtine pour défendre le sol national. Parmi eux cinq conseillers municipaux dont le maire regrette l’absence dans la réunion du conseil du 31 août 1914, la première de la guerre. D’ailleurs, pendant le conflit, les réunions seront moins nombreuses et l’ordre du jour beaucoup moins fourni.

Parthenay a perdu une partie de sa population mais la ville n’est pas vide, loin s’en faut. La caserne ne désemplit pas et l’armée doit créer à la hâte de nouveaux cantonnements, dont l’équipement reste à la charge de la collectivité locale. En décembre le chef de bataillon réclame pour chaque nouveau 1 cantonnement “des latrines à plusieurs places”, “des lavabos à 3 ou 4 robinets”, de l’éclairage, le tout pour 600 hommes. 

Manifestement la municipalité a mis peu d’empressement à satisfaire l’autorité militaire car, si ce n’est pas fait, le général “est décidé à demander le déplacement d’une partie de la troupe”. Le conseil déclare alors que la ville “est résolue à rechercher encore de nouveaux locaux et à améliorer ceux existants pour donner satisfaction à l’autorité militaire, comptant sur son dévouement aux intérêts de la ville de Parthenay, sur sa justice et son équité”.

Il est vrai qu’en temps de paix la ville a toujours été prête à satisfaire les moindres désirs de l’armée mais, en cette fin d’été et cet automne 1914 les besoins sont tellement énormes ! La forte présence militaire à Parthenay fait le bonheur des commerçants, au premier rang desquels on trouve les restaurateurs et débitants de boissons.

Or voilà que l’armée décide de limiter la fréquentation de leurs établissements par la troupe ; ils vont faire une pétition auprès de la municipalité, demandant au conseil d’intervenir “auprès de l’autorité militaire pour obtenir que leurs établissements ne soient pas consignés à la troupe pendant 1h ou 1h 1/2 le matin, à l’effet de permettre aux militaires de s’y approvisionner selon leurs besoins”.

Le maire est intervenu auprès du général commandant le corps d’armée, qui a répondu que “du réveil à 5 heures du soir” les militaires de la garnison n’avaient pas le droit de fréquenter “les auberges et débits de la ville de Parthenay” afin de “s’y attabler pour prendre des consommations mais il n’a nullement voulu interdire à des corvées d’ordinaire d’y aller chercher ce qui serait nécessaires aux hommes cantonnés dans le voisinage”. En conséquence le conseil ne donne pas suite à la pétition.

Il y a au moins une personne à Parthenay qui n’apprécie pas l’affluence des soldats. Il s’agit du fermier de Pompaire qui a loué à la ville un droit de pacage dans le champ de tir. À la fin de l’année 14, il refuse de payer le prix de son adjudication car depuis le début du conflit “il n’a pas pu jouir du droit de pacage par suite des terrassements qui ont été exécutés et de la présence presque continuelle de soldats dans le champ de tir. La municipalité l’exonère alors des droits à partir du 1er août 1914 et “jusqu’au jour où il ne sera plus fait de dégâts”.

Sont arrivés aussi à Parthenay, par trains entiers, des réfugiés, Français des régions envahies mais aussi Belges, manifestement flamands, car la ville sera obligée d’engager un interprète. Et il y a les blessés : des dizaines de milliers de pantalons rouges, cibles trop bien visibles ont été blessés dans les terribles combats des premiers mois de la guerre de mouvement.

A Parthenay ils sont accueillis à l’hôpital-hospice, mais aussi au collège et dans les écoles communales et libres de filles, qui ont été réquisitionnés, sans que le conseil municipal ait eu à donner son avis. Dans la séance du 31 août, le maire remercie le comité de la Croix-Rouge qui s’occupe des blessés mais il s’inquiète de la future rentrée scolaire.

Certes, on pense probablement encore que la guerre sera courte mais où mettre les enfants ? Peut-être à l’école normale d’instituteurs car “la rentrée à l’école normale ne devrait pas se faire au 1er octobre”. Et qui va enseigner aux enfants ? Le maire propose de faire appel “aux jeunes maîtres de l’école normale” et aux retraités.

Si la gare déborde d’activité c’est dû aux militaires qui ont la priorité. Nombre de trains de voyageurs sont supprimés ce qui n’est pas sans poser problème pour les ruraux qui n’ont guère d’autres modes de déplacements. Ainsi en septembre le conseil municipal émet -il un vœu pour que “le train no 2935 de Bressuire à Parthenay, s’arrête à la Berthelière le mercredi jour de marché à Parthenay, comme cela avait lieu avant la mobilisation, à l’effet de permettre aux habitants de St Aubin le Cloud de se rendre facilement au dit marché, les moyens de communication étant devenus presque impossibles depuis la mobilisation, par suite de la réquisition d’un grand nombre de chevaux et en raison de la distance de cette commune à Parthenay”.

La direction des chemins de fer de l’État apporte une réponse favorable à cette demande. La vie n’est pas facile pour les familles des mobilisés. Le comité créé le 1er août pour venir en aide aux familles “dont le chef est à la frontière” a mis sur pied des soupes populaires qui distribuent chaque jour environ 1000 repas. Il a aussi contribué à la création de la Goutte de lait qui fournit quotidiennement 80 litres de lait aux enfants en bas-âge et aux malades.

Et les soldats tombés au front ? En ce début de guerre, il n’en est qu’incidemment question au conseil municipal du 14 novembre, lorsque celui-ci maintient sa subvention à la Société des Anciens Combattants de 1870-71 “pour son dévouement qui se montre chaque jour dans les tristes cérémonies de funérailles des soldats tués au combat”. Les obsèques du premier Parthenaisien tué à l’ennemi avaient eu lieu , le 4 octobre 1914. En novembre lorsque le conseil municipal vote le budget de 1915, la guerre de mouvement est en train de se transformer en guerre de position et il est maintenant évident que le conflit sera long.

Ce premier budget de guerre est éloquent. Le conflit permet de faire quelques économies au chapitre des “Dépenses ordinaires”. En effet les élus suppriment la somme de 150 francs prévue pour l’éclairage et le chauffage de la musique puisque “la musique n’existe plus, du moins pour la durée de la guerre” et la somme de 200 francs d’indemnités 2 au contrôleur des contributions directes (service des mutations et du contrôle) de Parthenay, qui “n’a plus de titulaire depuis la mobilisation”.

La ville supprime aussi la quasi totalité des subventions accordées avant la guerre (pour un total de 1500 francs), y compris pour la Société de tir et le S.A.P “dont les résultats au point de vue de la préparation militaire notamment ont été excellents et se sont fait apprécier dans une plus efficace et plus rigoureuse défense de la Patrie”. Effectivement, avant 1914, les sociétés de tir et bien des sociétés sportives étaient en fait des lieux de préparation à la vie militaire.

Au chapitre des recettes la ville augmente les droits de plaçage sur le marché et suspend le bail concernant l’adjudicataire, se chargeant elle-même de la perception des droits ; ceux-ci augmentent de 25 % (les porcs de 0,20 à,25 F par tête) à 100 % (les chevreaux de 0,10 à 0,20 par tête). Les dépenses augmentent elles aussi, y compris les “Dépenses ordinaires” : l’indemnité aux sages femmes est augmentée de 50 francs car “beaucoup de femmes de réfugiés, arrivées ces derniers temps à Parthenay, se trouvent dans une situation intéressante, et que leurs ressources ne leur permettront pas de payer les frais de leur accouchement ”. 

L’exploitation du service des eaux a besoin d’un supplément de 2.000 francs “par suite de l’augmentation du prix du charbon”. Mais c’est surtout le chapitre des “Dépenses extraordinaires” qui explose. Ainsi les dépenses relatives à la guerre atteignent 50.000 francs : fournitures de paille pour les cantonnements militaires, loyers pour les locaux où sont installées les écoles, soupes populaires. Certes “quelques unes de ces dépenses donneront droit à un remboursement par l’État, notamment les 0,5 centimes par jour et par homme pour les cantonnements mais les touchera-t-on ? Quand ? Pendant ce temps il faudra payer ”. Le budget se retrouve donc en déficit. Comment le combler ?

Pour cause de guerre la ville ne peut pas contacter d’emprunt mais elle peut émettre des bons avec intérêts de 5 % payables d’avance et dont le remboursement n’interviendra qu’à la fin des hostilités. Pour rembourser, on fera alors un emprunt classique : le conseil municipal de Parthenay décide d’émettre pour 70.000 francs de bons. La spirale de l’inflation s’amorce.

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